Méfiez vous des trains du matin!
Lorsque Cécile, 47 ans, monte dans le train Troyes-Paris après un week-end ennuyeux et pesant chez ses parents elle ne se doute pas que cette traversée va devenir un voyage dans le temps avec un aiguillage têtu qui s'obstine à rester sur les souvenirs de sa vingtième année.
Philippe son voisin de train en est la cause. Ils se sont connus et ont eu une liaison amoureuse 27 ans plus tôt. Leur relation s'est terminée par un fiasco lors d'un séjour à Londres.
Ils se sont reconnus mais feignent le contraire tout en se préparant au cas où l'autre romprait le silence qui s'installe.
Le lecteur ne connaîtra la raison de leur rupture qu'à l'arrivée du train en gare du Nord. Il va d'abord dans une alternance de chapitres et de voix écouter ces deux adultes exposer leur vie actuelle et leur version de ce séjour londonien en duo.
J'ai aimé dans cette histoire le croisement de ces destinées: Philippe, est un jeune homme sûr de lui, monopolisant le devant de la scène, dégageant un magnétisme où viennent échouer les plus jolies filles. Cécile, adolescente au physique ordinaire, passe inaperçue. Le séjour à Londres et sa conclusion radicale donnent à Cécile l'impulsion pour se prendre en main et écraser la petite fourmi insignifiante à laquelle on la compare. Dans le même temps, Philippe va s'engager dans un chemin inverse et devenir, peu ou prou, ce qu'il est aujourd'hui, à presque 50 ans, un homme anodin et terne dont les traits et les ambitions se sont affaissées.
Le début du livre s'égare un peu dans ces deux ego blessés et l'indifférence des deux voisins de banquette ne nous met pas à l'aise. Le déroulement de leur histoire commune attise notre curiosité mais ne révèle aucun fait exceptionnel.
Jean-Philippe Blondel creuse dans la réflexion intime et fait jaillir les émotions refoulées. 06H41 aborde les évènements et les rencontres qui nous façonnent, nous nourrissent et font parfois bifurquer nos vies.
éditions Buchet-Chastel - janvier 2013-