Le livre numérique de Bruno Gaia s’articule en deux parties: la première est un court roman Intense navette et la seconde Mensonges sans ordre apparent regroupe cinq courtes nouvelles.
Intense navette
C’est la présence d’un malheureux cure-dent dans un fromage qui précipite Georges et Paul dans les affres du chômage. La vieille personne qui voulait en faire son repas a été asphyxiée par cet obstacle inattendu et sa petite fille, journaliste, en a fait tout un fromage accélérant la disparition de la petite entreprise où travaillaient Paul, chef du service-client et Georges, simple employé.
Alors que cet incident professionnel fait sombrer Paul dans la dépression , il propulse Georges vers un nouveau job et le fait grimper dans l’ascenseur social. Son poste de cadre commercial l’oblige à soigner son apparence physique et l’amène à fréquenter un club de fitness.
Catherine, la femme de Paul, serveuse de métier, commence à se lasser de son mari dépressif, dont la libido est en chute libre et commence à regarder ses clients d’un œil neuf.
Ces deux là vont, en plus de se rencontrer au bar, se fréquenter dans leur club de fitness. Catherine trompe Paul avec Georges puis finit par quitter le domicile conjugal.
Juliette, la sœur de Paul, tel le bon samaritain, accourt pour remonter le moral de Paul, le remettre en selle puis l’aider à trouver du travail. Il dégotte un emploi de chauffeur de bus, accepte une réduction de salaire et conduit les usagers du centre ville à la zone périphérique où ils travaillent.
Comme deux seaux dans un puits, Paul et Georges vont se croiser à plusieurs reprises -mais sans jamais se lier- au gré des fluctuations de leurs vies privées et professionnelles.
L’auteur
Bruno Gaia est né en 1975, Au hasard est sa première œuvre publiée.
Il commence à écrire dès l’enfance et, y voyant une relation des plus directes avec sa passion, se destine à une carrière d’enseignant dès le lycée.
Les hasards de la vie lui font pourtant passer un diplôme de commerce et connaître de nombreuses expériences, souvent fructueuses, dans ce domaine pour payer ses études ultérieures. Il en gardera un intérêt aigu pour les choses du capitalisme, de la politique, et de la sociologie en général.
Mon avis
La lecture de Au hasard fut longue et laborieuse. La lecture sur écran n’est pas confortable et crée une distance avec les mots. Le livre en tant qu’objet m’a manqué.
La plume de Bruno Gaia est caustique et acide. Il égratigne tout ce qui constitue notre société civilisée et pose un regard cynique sur les conventions socialement admises : le travail, l’argent, la consommation, le mariage… L’air de rien il épingle tous les travers, les futilités de notre quotidien. Pour étayer son propos, il choisit des personnages un peu falots, engoncés dans leur vie étroite et précaire et qui avancent dans l'existence comme des petits robots en faisant parfois un pas de travers ou un pas de trop.
J'ai aimé cette histoire de destins croisés, ces personnalités qui se délitent ou se bonifient selon les aléas de la vie.
Les digressions continuelles de l'auteur font partie de l’écriture et apportent une touche déjantée à un propos déjà bien décalé. Les notes de bas de pages sont dans le même esprit et renforcent l'humour et l’ironie bien présentes dans le récit.
"Fitness : concept anglo-saxon désignant un instrument de torture physique pour ceux qui le pratiquent et de torture mentale pour ceux qui ne le pratiquent pas."
"Open Space : système de management par l’organisation de l’espace de travail qui consiste à aligner des bureaux dans un espace sans murs (d’où le nom) afin que tous puissent voir si le collègue d’à côté lambine, histoire d’avoir la possibilité de le cafarder ; tout en sentant sans cesse le regard dudit collègue qui n’attend qu’une occasion pour faire de même… Ravissant, n’est-ce pas ?"
Je remercie les éditions EP & LA Arès et Thomas Dreneau pour l’envoi de ce livre.
- août 2010