Claire appréhende de rentrer chez elle, d'y retrouver un homme qu'elle n'aime plus. Avec Kay sa fille de 5 ans, elle prolonge son absence, elles errent dans le quartier de la Défense à Paris, en se délestant peu à peu du contenu de leur encombrante valise.
Henriette a quitté Léo pour épouser Joseph. Elle se consume d'amour pour un mari qui ne la regarde déjà plus.
Le vingtième siècle sépare ces deux femmes qui vivent une rupture amoureuse; d'une manière tranchée et sans retour pour la première qui quitte son mari alors que la seconde livre bataille pour ne pas être abandonnée.
Ces deux femmes que réunit Valentine Goby dans son roman souffrent dans leur corps. La fin du désir ouvre une béance dans leur vie et le vertige s'empare d'elles.
L'écriture ne reflète pas le statisme de la vie de ces femmes. Les mots de Valentine Goby déferlent en avalanche violente et drue. La vacuité de la nouvelle existence de Claire fait écho à celle d'Henriette. L'auteure alterne les chapitres en puisant dans la dernière phrase d'un chapitre le début du suivant et ainsi de suite chapitre après chapitre, Claire après Henriette, Henriette après Claire.
Des corps en silence explore la fin du désir et dit le désespoir et la tourmente des corps et des esprits. Les mots de Valentine Goby ne calment pas la douleur des ventres qui se tordent, ils sont acides, dévorants et coupent le souffle.
" Ne pas atténuer la gravité des faits, leur brutalité, leurs conséquences, accepter le dos endolori, les muscles qui tirent sur les cuisses, la tête lourde et la migraine, lancinante, les larmes aux pointes d'aiguilles sous les paupières, l'envie de vomir à force de contracter la gorge, la tentation par moments de mourir."
Des corps en silence est une lecture commune proposée par Anis
et agréée par Malika, Philisine qui m'a mis le livre entre les mains in extrêmis -merci- et
Editions Folio - août 2011-