Bande dessinée
Emilie Guillon, Patrice Guillon et Sébastien Samson
Postface du Docteur Christian Gay
« Quelque chose en moi ne tourne pas rond »
Rien ne distingue Camille des autres jeunes de son âge. Elle aime sortir et voyager, elle s’investit dans ses études et elle est complice de Chloé sa sœur jumelle avec qui elle partage un logement à Bordeaux. Lors de son séjour au Québec elle lie une idylle avec Julien. Celui-ci supporte mal le retour de Camille en France et le lui fait savoir. Cette pression déstabilise Camille et la fait douter. Elle s’abrutit dans la préparation de ses examens pour éviter de trop penser à Julien et à son impossible retour au Québec. Elle connaît une première crise d’angoisse qui évolue peu à peu en dépression. Le quotidien de Camille va alors se fixer sur son mal-être et se transformer en une spirale infernale ; elle enchaîne les séjours en hôpitaux, les entretiens avec les psychiatres, les tentatives de suicide et l’abrutissement avec l’alcool ou la drogue. Le psychiatre mettra enfin un nom sur sa maladie : La bipolarité (ou troubles maniaco-dépressifs).
Journal d’une bipolaire est un récit auto bibliographique écrit à quatre mains par Patrice Guillon et sa fille Emilie qui souffre réellement de cette maladie. Le message de l’auteur est clair : par le biais de cette BD, il souhaite faire connaître et accepter la bipolarité comme une maladie à part entière, dédramatiser son impact sur le malade et ses proches en mettant en avant l’importance du diagnostic et de la thérapie adaptée.
L’écriture directe et simple nous met au plus près de la dépression de Camille. Le propos est réaliste et sans fards, la chronologie du récit nous fait plonger dans le quotidien déstabilisant et décourageant de la malade. On la suit dans la révélation et l’acceptation de sa bipolarité où la volonté n’est pas synonyme de guérison. On partage la souffrance et le désarroi des proches déconcertés par les humeurs changeantes de Camille, les phases maniaques succèdent aux phases dépressives avec parfois des moments de sursis, de stabilité relative.
Le tracé des personnages est sobre, minimaliste, presque naïf mais les traits des visages laissent transparaître la force les émotions.
Une bande dessinée courageuse pour nous interpeller et changer notre regard sur une maladie dérangeante.
La boîte à bulles - septembre 2010.