A la suite d'une indiscrétion Laurence découvre, dans les cartons de sa mère, une étrange correspondance entre Guillermo Zorgen et une certaine Sonia. Le contenu de ces boîtes va peut-être éclairer la troublante et tardive sentence prononcée par Jacques, son père quelques semaines auparavant lorsqu'il déclarait ne pas être son vrai père.
L'auteure excelle à décrypter les secrets de famille en compulsant les papiers jaunis et les photos sépia. Après Eux sur la photo Hélène Gestern missionne Laurence, la fille de Cécile et de Jacques, afin de ressusciter le passé et notamment l'après mai 68. L'auteure dresse le portrait charismatique d'un leader, d'un nouveau Che Guevara et de ses disciples. Cette jeunesse volcanique et fervente veut perpétuer le mouvement révolutionnaire et anarchique en s'attaquant aux riches de manière radicale et en choisissant d'incendier leurs biens.
"Légitime ou non, leur violence portait un message, un message plus grand qu'eux dont la signification les avait peut-être dépassés."
En marge de la vie exaltée et dangereuse de Guillermo Zorgen, l'auteure glisse sur les pentes hasardeuses du secret et de la transmission entre parents et enfants. La part du feu pose la question de la légitimité de l’enfant à dépister le passé et la jeunesse de ses parents. J'ai compris et approuvé Laurence dans sa démarche et dans ses investigations mais cette quête acharnée est ambigüe. Dans la recherche justifiée de son identité, la jeune femme décortique une époque révolue et bouscule ses parents rattrapés par un cauchemar qu'ils cherchent à oublier.
Sous couvert de révélation de secret de famille Hélène Gestern brosse le portrait flamboyant et passionnant d'une jeunesse post soixante-huitarde et de ses utopies.
Merci à l'auteure et à Philisine
Editions arléa 1er/mille - janvier 2013