Yanne Charbonneau travaille dans une chocolaterie humide et vieillotte à la Butte Montmartre. Elle s’y est installée avec ses deux filles : Anouk, l’enfant de l’été, qui découvre les tourments de l’adolescence et Rosette, enfant de l’hiver qui, à presque quatre ans, souffre du cri-du-chat; elle ne parle pas et se déplace, de préférence, à quatre pattes.
L'arrivée de Zozie, perchée sur des chaussures rouges à talons de sucre d'orge, dans le quartier apporte un souffle de fraîcheur et d'excentricité à la petite chocolaterie qui devient "Le rocher de Montmartre".
Zozie devient très vite indispensable pour la petite famille. Son originalité et sa fantaisie raniment et développent le petit commerce de Yanne qui se réinstalle aux fourneaux avec enthousiasme. Zozie noue une relation privilégiée empreinte de complicité énigmatique avec Anouk.
Les clients, chaque jour plus nombreux, guidés par les effluves du chocolat chaud font maintenant un détour pour jeter un coup d’œil sur cette vitrine alléchante et n’hésitent pas très longtemps avant de pousser la porte: " l'exquise odeur du chocolat chaud, des pâtisseries fraîches, des biscuits et des macarons, sans parler, bien sûr, de l'arôme enivrant des truffes amères, des chocolats à la liqueur, à la fraise, à l'abricot ou aux noix sont des invitations auxquelles il est bien difficile de résister".
Tout semble enfin sourire à Yanne; elle va bientôt dire oui à Thierry, le propriétaire de la chocolaterie, et espère trouver dans ce mariage la sécurité et la stabilité qui lui manquent.
Mais la venue de Roux, le vagabond nomade, ami de Yanne et d’Anouk, les pouvoirs et les ambitions de Zozie l’intrigante ne vont-ils pas contrarier ce bel équilibre ?
Il y a quelques années le parfum et la magie de Chocolat m'avait fascinés. Je me suis laissée tenter par Le rocher de Montmartre comme par une gourmandise que l'on ne peut refuser.
Joanne Harris choisit le quartier de Montmartre pour animer anciens et nouveaux personnages. "Montmartre, l'étrange petite île de pierre avec ses touristes et ses artistes peintres, la puanteur de ses caniveaux et ses mendiants, ses cabarets et ses clubs de strip-tease sous les tilleuls et, toutes les nuits, les règlements de compte au couteau le long de ses jolies rues pittoresques".
Grâce aux compétences et à l'habileté des femmes, la petite boutique banale et anonyme va répandre ses lumières et ses odeurs de fête sur la Butte. Les clients vont devenir des amis et révéler leur meilleure facette. Le lecteur aussi se régale et croque avec plaisir dans toutes ces friandises.
Zozie réussit à faire l'unanimité dans le cercle des habitués de la chocolaterie, mais elle ne cache pas au lecteur son passé d'usurpatrice et ses desseins maléfiques.
En alternant les confidences de Yanne, de Zozie et d'Anouk, en injectant une dose de sorcellerie et de magie noire, Joanne Harris fait monter la pression et l'inquiétude. On s'attend à une fin magistrale et époustouflante.
Mais l'explosion de la piñata ne libère pas la cascade de couleurs et d'étincelles que j'attendais. Les personnages, réunis pour la fête du réveillon, restent fades et passifs et n'apportent pas leur contribution au dénouement heureux. J'espérais un déploiement de rebondissements, un lot de surprises... Je ne vais pas dire que je suis restée sur ma faim - dans cet antre dédié à la gourmandise, vous ne me croiriez pas - ... mais sur la fin certainement!
Chez POINTS - novembre 2009 -
Les "piñata" éclataient en choeur le 8 novembre chez Soukee, L'or des chambres, Mango et Tiphanie.
Ici, elle aura mis un peu plus de temps!