Mary et William Hogan vivent à Haven bourgade de 2000 habitants dans le sud des Etats Unis. William est un forcené du travail et accepte en complément de son activité à la scierie de remplir les petites fiches vertes des procès en cours, au commissariat local. Ils vivent dans une propriété superbe et profitent d’une nature généreuse.
« La vue sur la propriété le pétrifia. Devant s’étendait un paradis sur terre, une étendue boisée criblée de clairières, de petits étangs abandonnés et de monticules rocheux. Des animaux filaient entre les arbres, il n’eut pas le temps de mettre un nom sur chacun d’eux. Les rayons du soleil perçaient la nature, renvoyaient des reflets verts et jaunes sur la façade de la maison. »
Leur fils unique, Thomas est un enfant fragile et calme. A l’instar de sa mère il craint son père, ses accès de violence et regrette son manque de bienveillance. Il a une relation fusionnelle avec Mary, sa mère.
On suit le parcours de Thomas dans le cheminement qui le propulse de l'enfant malingre et chétif au jeune adulte bien bâti qui impressionne.
"Thomas était trop chétif, trop rêveur pour tenir la propriété en état et assurer les vieux jours de ses parents."
Mais quelques années plus tard:
" Son corps avait pris de l'assurance, lui non. Son âme ressemblait à un miaulement sorti d'un bunker. Thomas n'était pas encore un homme, il lui manquait l'art du crachat et une tripotée de jurons, mais on ne se moquait pas."
L'écriture est nerveuse, rapide, elle va à l'essentiel, la tension monte tout au long du roman. Les premières pages esquissent le malheur qui touche les Hogan et met le lecteur en alerte . On est dans l'expectative du drame mais lorsqu'il se produit on ne comprend pas. Que s'est-il passé? Quand exactement le ver s'est-il glissé dans le fruit?
Les réponses plausibles sont nombreuses mais l'auteure laisse le lecteur se faire sa propre opinion et ne l'aide pas à trancher.
Cécile Coulon est talentueuse, avec quelques rondins de bois et des cris d’oiseaux, des rideaux de sapins et des mares d'eau fraîche elle crée de sublimes paysages et soude son roman à la nature foisonnante américaine.
éditions Viviane Hamy- janvier 2012-
les avis de Moustafette (merci) et de Clara.