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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 15:21

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    Katariina, ingénieure  de travaux en Estonie, ne jette pas un regard derrière elle lorsqu’elle suit son futur mari en Finlande. L’Estonie est alors, depuis le début de la seconde guerre mondiale, sous l’emprise du joug russe et la vie en Finlande représente un affranchissement certain pour les estoniens. De cette union finlando-estonienne naîtra Anna, le personnage central du premier roman écrit par Sofi Oksanen.

   Ne pas dévoiler ses racines, ressembler aux finlandaises, parler le finnois, refuser les relations avec les expatriées estonniennes sont les obsessions de Katariina et elle veille à les transmettre à sa fille:

«  Je devais devenir finlandaise. Je devais parler, marcher comme une Finlandaise, avoir l’air d’une Finlandaise, même si je ne me sentais jamais au bon endroit, en quelque sorte jamais à ma place, comme dans un manteau avec des manches de longueurs différentes et trop petit pour moi, dans des chaussures qui m’écorcheraient à chaque pas. »

   Pour l'école Anna invente des ancêtres finlandais et essaie de taire ses connaissances sur les méthodes soviétiques et l'occupation russe.

    La mère et la fille effectuent de nombreux allers-retours entre leur maison finno-finlandaise et la ville de Tallin -la capitale de l'Estonie. Les visites à la campagne pour aller voir la grand-mère sont plus rares et aléatoires car soumises aux "invitations" que certains membres de la famille refusent parfois de délivrer. C'est pourtant là que Anna nourrit ses racines familiales estonniennes .

     Adolescente, Anna développe des troubles du comportement alimentaire, elle devient boulimique-anorexique. Le comptage des calories, la préparation  d'orgies alimentaires sont alors sa principale préoccupation perturbant sa vie sociale et amoureuse et ses études.


      Ne vous fiez pas à la couleur rose de la couverture; le noir ou le rouge aurait mieux reflété l'ambiance de ce livre aussi froide et coupante que du verre. 

     Anna est sous la coupe de sa mère qui lui met la pression pour qu’elle devienne une vraie finlandaise. Les relations qui régissent la vie de ces femmes sont distantes et peu chaleureuses. A Tallin, Katariina ne relâche pas sa surveillance et même à la campagne Anna ne peut plus mettre les mini jupes - connotées filles de l'est-  qu’elle affectionne.  Katariina vit dans un pays capitaliste et riche, elle se sent redevable envers les siens et se charge de quantité de provisions à chaque voyage vers son pays d’origine. Il est difficile pour Anna de construire sa propre identité au coeur de cette ambiguïté.

     Il faut lire l'histoire d'Anna et de Katariina éclairée par l'Histoire tourmentée de l'Estonie. Il faut remonter à la seconde guerre mondiale et à l'occupation russe pour mieux comprendre la honte, le rejet de ses origines et les peurs de la mère.

   Le manque de linéarité, les allers-retours incessants entre les différentes époques, entre les deux pays et la narration qui passe de la première à la troisième personne créent un désordre et ne servent pas le lecteur. Je me suis plusieurs fois égarée dans l'arbre généalogique d’Anna. Il m'a manqué les repères spatio-temporels qui étaient présents dans Purge. Je me suis concentrée sur la vie d'Anna et de sa mère, occultant sciemment la génération précédente.

     Les vaches de Staline disent le gâchis des origines non-assumées et les souffrances endurées par une génération qui marquent en profondeur celles qui suivent.

    C'est un récit de grande envergure qui s'inscrit comme Purge dans une page incontournable de l'Histoire des pays baltes. Mais je n'ai pas trouvé ici le climat angoissant et le suspense qui m'avaient aimantée dans Purge.

 

La cosmopolite Stock- août 2011- 

 

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commentaires

M
Je ne sais pas si je vais craquer... J'ai beaucoup aimé Purge mais j'ai déjà eu du mal à ne pas me perdre dans les allers-retours temporels, et surtout dans les méandres bizarres des révélations à<br /> la fin du roman. Si ce nouveau livre offre des contours encore plus flous dans le temps, je vais avoir du mal à accrocher !
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F
<br /> <br /> Je pense que les lecteurs des deux livres d'Oksanen ont trouvé plus ardu la lecture de Les vaches de Staline. Il faut se motiver un peu mais on<br /> est récompensé et ... marqué.<br /> <br /> <br /> <br />
O
J'avais commencé Purge et l'avait laissé de côté par manque de temps pressée par les lecteurs qui voulaient le lire. Mais depuis je n'ai pas eu le courage de reprendre cette lecture, va savoir<br /> pourquoi?
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F
<br /> <br /> Lorsque je dois interrompre une lecture pour telle ou telle raison, il est rare que j'y revienne, je passe à autre chose.<br /> <br /> <br /> J'ai beaucoup aimé Purge mais dans ton cas j'aurais peut-être fait comme toi.<br /> <br /> <br /> Difficile pour les bibliotécaires de subir la pression des lecteurs impatients!<br /> <br /> <br /> <br />
L
mon billet d'ici quelques minutes !
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F
<br /> <br /> parfait, ne bouge pas j'arrive!<br /> <br /> <br /> <br />
M
Je lu ce livre en partenariat avec Price-Minister également, mais pour moi ce livre n'a pas vraiment été une réussite... C'est un véritable casse-tête de comprendre qui est qui, ... J'ai préféré<br /> Purge
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F
<br /> <br /> On s'est heurtées au même arbre! Cet imbroglio de personnes nuit à la compréhension de l'histoire. Dommage!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> je viens de le terminer ce midi !<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Si tu en fais un billet je le lirai avec intérêt. Je guette!<br /> <br /> <br /> <br />