Olivier, enfant, passe ses vacances chez ses grands parents en Belgique et les accompagne quotidiennement à la messe. Il baigne dans un univers religieux où l'enfer est promis à ceux qui font de vilaines choses.
Les parents d'Olivier sont agnostiques, prônent la liberté sexuelle mais ne s'opposent pas à leurs parents lorsque Olivier fait sa première communion.
La famille d’Olivier rencontre Pierre, prêtre itinérant, et l’accueille en toute amitié.
"C'est un curé marrant. Il joue de la guitare pendant l'office, il a une belle voix, un gros ventre et une barbe de nain de jardin. Il est habillé en jean et chemise. C'est l'inverse du vieux prêtre à l'ancienne, sévère, en soutane."
Pierre a des idées larges, tolérantes et fait l'unanimité auprès des trois générations. Il devient un ami, un oncle...
Il propose au jeune Olivier de participer au camp d’été qu’il anime. Olivier est heureux et fier de l’amitié et de l’attention que lui prodigue Pierre. Ce rendez-vous estival va devenir une habitude. Mais l’été de ses 12 ans, le prêtre, sous prétexte de se relaxer avant l’endormissement, propose à Olivier des massages bien particuliers...
Olivier a 15 ans et campe pour la dernière fois à "joyeuse rivière". Sa vie prendra dès lors une tournure chaotique.
Ce qui étonne et frappe dans l’histoire d’Olivier c’est le grand écart entre la vie de dévots pratiquants des grands-parents et le style « baba cool » et libertin des parents. Pierre, le curé, représente le trait d’union entre ces deux styles de vie, c’est un religieux avec une grande liberté d’esprit; il fréquente et aide des réfugiés politiques. Olivier lui voue une admiration sans limites: "Pierre, parmi tous ses dons, a celui de nous rendre heureux, par une simple tape sur l'épaule, par un petit sourire, un clin d'oeil... Tout le monde l'adore Pierre. Moi peut-être plus que les autres d'ailleurs-"
Le piedestal sur lequel l'adolescent de 12 ans place Pierre, ne vacille même pas après cette nuit d'attouchements. Olivier accepte de garder le secret et d'oublier.
Le texte autobiographique et les dessins d'Alfred font corps et se confondent pour vomir le souvenir de cette nuit d'été. Souvenirs après souvenirs, dessins après dessins, Olivier prépare la mort de Pierre pour se délivrer enfin de son cauchemar.
Le sujet est dérangeant et troublant mais il est traité avec sobriété et pudeur par le narrateur qui ne stigmatise personne. La violence est dans le choix des couleurs ou dans l'agencement des dessins qui se désorganisent et se télescopent.
Editions DELCOURT - septembre 2006-
L'avis de Violette, la tentatrice.