Eric Fottorino est un usager, comme tant d’autres, qui prend le métro chaque jour, avec indifférence, lassitude ou agacement. Les faits divers successifs de trois « accidents graves de personnes » attirent son attention, bousculent son quotidien et étayent sa réflexion d’usager. C'est le fruit de ces pensées qui alimentent ce court récit d'une soixantaine de pages.
Ces morts violentes sont banalisées par la SNCF qui se sent impuissante à enrayer cette escalade mortifère. Elles sont banalisées sur certains forums de discussion où les internautes crient leur dégoût pour ces volontaires de la mort, qui les retardent pour se rendre au travail, à leur rendez-vous... Elles ne font pas une ligne dans les journaux et sont banalisées par notre société moderne soucieuse de rentabilité qui n'a ni le temps ni l'envie de s'arrêter sur ces détresses et ces drames.
C'est cette inhumanité et cette indifférence qu'interroge Eric Fottorino. Pourquoi cette tragédie, cette vie saccagée ne déclenche-t-elle pas l'empathie, ne débride-t-elle pas l'émotion des voyageurs?
Avec précision et justesse, le texte de Fottorino percute le lecteur comme le fait le train lancé à grande vitesse. On n'est pas forcément préparé à recevoir ces mots en pleine figure et ils font mal à notre tranquillité, à notre société, à notre existence.
Editions Gallimard - février 2013-
Ce roman fait partie de la sélection du Prix des lecteurs 2014 du télégramme