Un jeune homme, engagé pendant quelques années comme mercenaire, revient dans le village de son enfance. Rien n'a changé dans ce petit village et ses parents sont toujours les mêmes mais lui ne se sent plus de ce village, il est devenu étranger et insensible à cet environnement jadis familier. Il erre en tentant de trouver une justification à ses actes, un sens à sa vie, une alternative à l'ennui. Il s'interroge, se remémore...
Il convoque Magali, un amour de jeunesse qu'il a perdu de vue et dont le souvenir traîne encore près de la fontaine, le lieu de leurs premiers baisers. Il décide de lui écrire une lettre.
Le texte de Jérôme Ferrari oscille entre ces deux personnages en un très long flash-back. Un monde d'attentats meurtriers et de violence guerrière pour l'un et une violence, plus subtile mais bien concrète, intrinsèque à la pression des supérieurs hiérarchiques et aux profits attendus pour Magali, consultante dans une grande entreprise.
La question latente, le fil rouge de ce récit, le questionnement qui obnubile cet homme est que dans toute chose et dans chaque homme on trouve un dieu et un animal. Illustration de cette pensée: l'insoutenable scène où un père brise les jambes de son fils, dont le seul tort fut d'accepter le chewing-gum de l'étranger, avant de le recueillir dans la chaleur de ses bras pour le réconforter.
Je reconnais à ce texte de belles qualités de réflexion, une belle écriture qui marque de manière indélébile l'esprit. Je lui reproche cependant un manque de densité dans la construction des personnages qui me sont restés flous, impalpables. Je n'ai ressenti aucune osmose, aucune harmonie entre ces deux personnes et les jonctions entre leurs deux vies manquent de fluidité.
Je me suis sentie un peu perdue sous les flots de paroles déversées par Mathurin Voltz. La magie de la voix, pourtant enveloppante, n'a pas opéré je n’ai pas réussi à me fabriquer mes propres images. Je pense que le roman de Jérôme Ferrari est à lire et que le processus de narration (flash-backs, absences de chapitres et de pauses) est dénaturé par l'audition.
Y aurait-il des romans à écouter et des romans à lire?
Je remercie Babelio et les éditions Thélème.