Un peu de bois et d'acier pour ce banc public que Chabouté installe au centre de ses dessins-vignettes, quelques planches de bois et quatre pieds chromés comme personnage principal de ses planches de papier. Il invite le lecteur à prêter un oeil malicieux mais attentif à ce banc qui peut se targuer d'accueillir toute une humanité bigarrée et éclectique.
Le jeune chien est le premier à venir délimiter son territoire en pissant sur le pied suivi par le jogger qui profite de l'assise pour quelques étirements. Tout au long de la journée, des saisons vont se succéder, les fidèles, les de passage, les solitaires, les bandes de jeunes, le musicien qui espère un public, le sans domicile qui, sur ce banc, élira le sien, le représentant de la loi qui immuablement lui dresse procès verbal; il y a l'amoureux et celle qui le deviendra, il y a l'enfant qui fait ses premiers pas et la vieille dame que l'on aperçoit pour la dernière fois.
Cet observateur zélé nous livre quelques tranches de vie, une succession de personnages qui s'ignorent, se craignent, s'éloignent, se rencontrent, se parlent, se sourient et se tendent la main. C'est tour à tour le banc des témoins et le banc des accusés.
Chabouté n'utilise ni les mots ni les couleurs pour dire ce banc. Le noir pour les ombres et la nuit, le blanc pour la lumière et le jour, le silence pour le lecteur- spectateur ému.
On se prend à attendre les visiteurs , à s'inquiéter si un habitué manque à l'appel, à regretter les pas pressés des indifférents et à sourire des amitiés et des amours naissants.
Humour, tendresse et poésie pour dire, de manière implicite, les petits faits cycliques de la vie qui va, qui vient, qui passe.
Editions Vents d'Ouest - septembre 2012-