Annabelle, jeune femme peintre, est timide, anxieuse, un peu sauvage. Sa vie prend un virage à 180 degrés le jour où elle plonge la main dans l’aquarium d’un restaurant chinois et qu’elle ramène chez elle une petite sirène.
Après quelques heurts et agacements, Annabelle et la sirène vont commencer à s’apprivoiser mutuellement et développer une bonne entente. Cette sirène unique en son genre se révèle être une grande artiste aux multiples dons.
Grâce à la présence de la sirène, les maladresses, les hésitations d’Annabelle disparaissent peu à peu. Elle prend confiance en elle, prend des décisions et savoure enfin ses choix.
« J’ai passé trois jours de suite dans la salle de bains. Mon chevalet dressé près de la baignoire, mes tubes de peinture disposés sur un tabouret, j’ai peint la sirène. Elle semblait ravie. Je ne l’avais jamais vue rouler ces yeux-là. A tel point qu’à un moment une chose incroyable s’est produite : elle s’est mise à chanter. Mais pas comme les sirènes qui rendent les marins fous et font échouer leurs bateaux, non. Ca ressemblait à une plainte d’animal, modulée pour former des notes. A la place des paroles, elle chantait des sons inarticulés de bête, mais très beaux. Sur le moment, ça m’a bouleversée. J’ai dû m’asseoir. Je me suis arrêtée de penser, de vouloir, de désirer, de craindre. Je l’écoutais. Quand elle a cessé de chanter, j’ai recommencé à peindre. Ses joues avaient rosi et j’ai dû changer un peu mes couleurs. »
Il faut se laisser charmer par le chant des sirènes surtout lorsque c’est Cypora Petitjean-Cerf qui en compose la mélodie. L’idée invraisemblable du début est habilement déroulée et maîtrisée.
On peut, au choix, faire une lecture au premier degré et se laisser bercer par cette fable douce-amère ou approfondir la réflexion et chercher dans cette sirène envahissante la face cachée d’Annabelle qui se révèle progressivement.
Je me suis laissée prendre dans les filets imaginaires de l’auteur et envoûter par le chant mystérieux de la sirène.
points-décembre 2006
Merci Clara pour le prêt.